Début février, le moral est bas chez les commerçants de la Place Versailles
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Début février, le moral est bas chez les commerçants de la Place Versailles


Les détaillants savent bien que le début d’année est toujours calme, mais le contexte économique, les changements dans les habitudes de consommation et l’inflation font mal plus que jamais.


Publié hier à 4 h 00 HNE


Dans le commerce de détail, il y a une vérité implacable : les mois de janvier et de février sont les moins bons. Mais, cette année, c’est du jamais-vu pour plusieurs commerçants de centres commerciaux. « Ça fait 18 ans que je suis ici, c’est la pire année », lance l’un d’entre eux.


Mercredi après-midi, les couloirs sont presque vides à la Place Versailles, une institution dans l’est de Montréal avec ses fameuses fontaines. Le centre commercial desservi par la ligne verte fait partie du paysage depuis 1963.


Les détaillants savent bien que le début d’année est toujours calme, mais le contexte économique, les changements dans les habitudes de consommation et l’inflation font mal plus que jamais.





Une boutique vide à Place Versailles

PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BOURQUE


Kamel, employé à la boutique Brummell, l’avoue candidement. Il passe la journée à attendre les clients. En ce début d’année, il a fait parfois trois ventes… d’autres journées, zéro.


Lorsque Radio-Canada le rencontre, il est derrière le comptoir et garde le fort, malgré l’ambiance mortifère.

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«C’est pas compliqué, depuis 2020, on a eu une baisse de 80 % du chiffre d’affaires. Depuis la COVID, c’est toujours pire à chaque année,» lance-t-il, gardant tout de même le sourire. Il avoue que le propriétaire du magasin tire le diable par les cornes depuis plusieurs mois.

Il galère. Le moral est bas. Ils payent la marchandise en avance. Ils payent les salariés de leur poche. Avant, on était cinq, maintenant nous sommes deux

Une citation de Kamel, vendeur à la Place Versailles


Il y a quelques années, avant la pandémie et le commerce en ligne, les clients affluaient à la boutique.


«Avant, quand les clients venaient chercher une chemise 80-120 $, ils ne se bloquaient pas. Maintenant, on n’ose plus dire le prix. Mais lorsqu’on le baisse, les clients n’en veulent pas. Même à 50 $, les clients n’achètent pas.»


Finances en péril


Non loin de là, un bijoutier qui œuvre au centre commercial depuis plusieurs années n’en revient pas de ce début d’année.


«Ça n’a jamais été aussi pire. Tu peux demander à tous les commerçants, ils vont te dire la même chose. Tout le monde se plaint. Les gens n'ont plus d’argent,» raconte-t-il.


Il avoue que la situation financière de plusieurs détaillants n’a jamais été aussi précaire. Plusieurs d’entre eux ont dû rembourser le prêt consenti par le fédéral durant la pandémie, le Compte d’urgence pour les entreprises canadiennes (CUEC), lors des derniers jours.


«Les 40 000 $ qu’on a dû remettre au gouvernement, ça nous a coupé les jambes, c'était très dur. En plus, on est en récession.» C’est pas facile, lance-t-il.


Selon lui, il est clair que les centres commerciaux sont beaucoup moins populaires depuis la pandémie. Il l’observe tous les jours avec sa position stratégique située au centre d’un couloir, auparavant achalandé.


«Avant, à la Place Versailles, il y avait un monde fou à cette heure-là. Maintenant il n'y a plus rien, ce n’est plus ce que c’était,» raconte-t-il.



Cet employé prépare les dumplings pour les clients. Ceux-ci sont peu nombreux en cette fin janvier.

PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BOURQUE



« C'est mort, mort, mort »


Et c’est partout pareil. Chez Jean Bleu, la vendeuse Diane fait la même lecture.



«L'achalandage n’est plus là. Ça fait 16 ans que je travaille ici, je suis bien placée pour voir la différence. Cette année, c’est moins bon que moins bon», dit-elle tout de go.


Selon elle, les épisodes de verglas n’ont pas aidé au mois de janvier.


«On a eu une météo un peu difficile, les trottoirs étaient glissants aussi. On sait à quel point notre mairesse prend soin des trottoirs!» dit-elle à la blague.


Harry, le propriétaire de la tabagie, a vu sa clientèle fondre comme neige au soleil.


«C’est mort, mort, mort. C’est la première fois que je vois cela. J’ai la moitié moins de ma clientèle. Les gens n’ont pas d’argent. Et je me questionne. Si je ne peux pas payer le loyer, qu’est-ce que je vais faire?»


Il pointe ses étalages à magazines et s’interroge.


«Regardez seulement le prix du journal. Ça a tellement augmenté. Avant, les clients venaient en acheter. Maintenant, ce n’est plus le cas.»



Simon Pétrin, employé chez Popino, a remarqué une baisse importante de la clientèle

PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BOURQUE


Avec les ménages qui doivent payer plus cher pour les besoins de base, comme l’épicerie et le logement, certains commerces sont d’ailleurs désertés depuis plusieurs mois. C’est le cas du magasin de bonbons Popino.


«Dans le contexte actuel, ce n'est pas les magasins de bonbons qu’on va choisir. On a vu un ralentissement vraiment important, c’est difficile. Beaucoup de magasins qui ferment et qui ouvrent,» dit Simon Pétrin, qui prenait le temps de laver les casiers à bonbons lors de notre passage.


Même situation chez Grif Graf, un magasin d’encadrement.


«Ici, ce n’est pas un produit nécessaire, donc c’est ici qu’on vient couper en premier. On a toutefois espoir que ça s’améliore», dit Marie-Claude Pépin.


Place Versailles n’était pas en mesure de commenter la situation avant la publication de cet article.


L’arrondissement de Mercier-Hochelaga-Maisonneuve veut toutefois revitaliser le secteur du métro Radisson. Place Versailles ferait partie de la métamorphose du quartier et pourrait se transformer en projet immobilier mixte lors des prochaines années.


Difficultés pour les centres commerciaux


Si les détaillants de la Place Versailles connaissent un début d’année difficile, c’est aussi le cas ailleurs dans d’autres centres commerciaux.


«Ça va remonter un peu durant l’année, mais ça ne remontera pas comme en 2016-2017. Les gens ont changé leurs habitudes, on achète plus en ligne», explique Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal.


Actuellement, 17 % des ventes sont effectuées en ligne au Canada. Autant de revenus qui passent sous le nez des détaillants des centres commerciaux.

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Mercredi après-midi, cet endroit était presque vide à Place Versailles.

PHOTO : RADIO-CANADA / OLIVIER BOURQUE



Si on enlève 17 % pour chaque commerçant, beaucoup d’entre eux ne vont pas survivre. On voit plusieurs fermetures. Le consommateur sent que ça ne vaut pas la peine d’aller sur place.
  • Une citation de Jacques Nantel, professeur émérite à HEC Montréal


Selon lui, d’autres centres commerciaux, les plus grands, comme Carrefour Laval, réussissent davantage à tirer leur épingle du jeu.


«Mais même eux ont vu leur achalandage baisser. Ils sont toutefois moins à risque, car ils ont plus d’offres, explique-t-il.»


En attendant, les détaillants se raccrochent à l’espoir de meilleurs mois plus tard dans l’année, lorsque l’hiver québécois laissera place à la douceur du printemps.


«Il faut tenir, c’est difficile, il faut qu’on passe à travers, on n’a pas le choix.»

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